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L’Epître aux hébreux

 L’Epître aux Hébreux

On sait que le Coran entretient un rapport particulier avec la mémoire ou la remémoration (dhikr). La racine dhāl kāf rā (ذ ك ر) intervient près de 300 fois dans le Coran et introduit souvent la mention des grands personnages de la Bible. La Sourate 19 mentionne plusieurs personnages aussi bien juifs que chrétiens.

Cet œcuménisme culmine même dans la fusion et la confusion de personnages comme Mariam qui donne son nom à la Sourate 19. On sait en effet que ce personnage coranique est très particulier puisqu’il s’agit à la fois de Marie, mère de Jésus, et de Miriam, sœur de Moïse et d’Aaron.

Avant d’évoquer Mariam, le Coran va évoquer Jean Baptiste. On peut se demander pourquoi la nouvelle religion a besoin de convoquer Jean Baptiste. Toujours est-il que l’histoire de Jean Baptiste et de son père, Zacharie, était déjà une histoire de zekher, de mémoire, et de zakhar : de fils mâle.
Le terme dhikru qui ouvre cette sourate 19 fait écho à ces deux signifiants: Zakariyya (Zacharie) demande à Dieu un enfant mâle (qui sera Yahia) et il va être exaucé.
Le but de cette sourate est donc de provoquer une remémoration (dhikr) d’un événement dont nous ne savons pas encore bien de quoi il s’agit, mais qui entretient un rapport étroit avec l’idée d’un enfant mâle (dhakhara: mâle). Ce n’est pas ici un simple hasard ou un simple effet d’assonance (zekher/zakhar/Zakariyya). En effet, une autre sourate nous rappelle, à toutes fins utiles, et toujours à propos de Mariam, qu’une fille n’est pas la même chose qu’un mâle :walaysa l-dhakaru kal-unthā (3,36). On commence à entrevoir que l’enjeu de tout ce dispositif textuel est l’héritage, le maintien de la lignée. Zacharie n’a donc pas de dhakhar, de fils mâle et il s’inquiète donc de savoir qui va hériter de Jacob. Nous sommes donc devant une crise de succession. Mais comme Zacharie est un bon serviteur de Dieu, celui-ci va le gratifier d’une annonciation (hébreu : bessora), cette bonne nouvelle s’incarne dans un fils, que le langage coranique nomme, non pas du terme banal de ibn (fils)  mais du terme de ghulam (syriaque: gwlm, hébreu: golem גלם ou גולם) On ne sait pas la raison du choix de ce « golem », mais il semble qu’il soit nécessaire puisque déjà dans les apocryphes chrétiens nous trouvons déjà une femme nommée Gélome, présente en tant qu’accoucheuse auprès de Marie, en même temps que sa collègue Salomé. On retrouvera cette Salomé dans le Coran mais sous la forme du salam dont est gratifié Yahia.

Revenons à notre dhikr.

De quoi faut-il-se souvenir ? Et qui doit se souvenir de quoi ?
Dans les Evangiles, Zacharie se remettait à parler aussitôt après avoir écrit le nom de son fils sur une tablette. Il se met alors à prophétiser et prononce le Benedictus. Pourquoi Zacharie bénit-il Dieu ? – Parce que celui-ci se souvient (zakhar) de la prophétie.

ainsi se souvient-il de son alliance sainte (Lc 1,72)

Or, comment se termine la prophétie ? Quel est le dernier mot de la prophétie ? (du dernier livre des Prophètes) ? Par ce verset:

Voici que je vais vous envoyer Élie le prophète, avant que n’arrive le Jour de Yahvé, grand et redoutable. Il ramènera le cœur des pères vers leurs fils et le cœur des fils vers leurs pères, de peur que je ne vienne frapper le pays d’anathème (Hrm). (Ml 3, 23-24)

Mais quel est le rapport entre cette prophétie ultime qui porte sur Elie et le fait que Zacharie vient d’écrire le nom de YoHanan sur une tablette ? – C’est que Jean est Elie par midrash. Le midrash nous aide à le comprendre en utilisant ici le procédé nommé Gématrie et qui rapproche des termes de même valeur numérique. Le midrash a créé un nom inouï et jamais attribué dans le clan de Zacharie, et a fait de ce nom YoHanan (devenu dans le Coran Yahia) un équivalent d’Eliyahu (Elie). Les deux noms ont la même valence qui est celle du messie : 52. La prophétie s’était tue, elle reparle. Tel est le message à retenir.

Mais il faudra bien à un moment répondre à cette question: en quoi tout ceci concerne-t-il l’Islam ? Pourquoi convoquer ici de vieux midrashim juifs ou de douteux apocryphes chrétiens ? – C’est que le Coran n’est pas un livre d’histoire, mais un argumentaire. C’est un Discours aux Juifs et aux Chrétiens. Une sorte d’Epître aux Hébreux (élargie aux Chrétiens).
L’Islam entend être une nouvelle Prophétie, ou plutôt la continuation de la Prophétie, son sceau. C’est pourquoi il appelle au souvenir (Qur’an: l’Appel). Le Dhikru qui ouvre la Sourate 19 est un écho au zikhru de Malachie 3, 22 : Rappelez-vous (zikhru) de la loi

Le discours coranique prolonge Malachie, comme le faisait déjà le discours Chrétien: Souvenez-vous du dernier mot de la Prophétie, de la promesse de l’envoi d’Elie, voilà qu’elle se réalise avec l’Islam. L’argumentaire Chrétien énonçait déjà: la Prophétie de l’envoi d’Elie se réalise avec l’envoi de YoHanan.
L’argumentaire Coranique fait écho au discours chrétien : La Prophétie juive annonçait un nouveau Moïse et un nouvel Elie. Voici que ce nouveau Moïse est Muhammad. D’où l’importance du « Rappel de Moïse » dans le Coran.
Toutes ces élaborations autour de Jean Baptiste comme nouvel Elie ou de Muhammad comme nouveau Moïse, ne sont possibles que parce que dans la tradition juive, Elie et Moïse ne sont jamais morts. Elie a été élevé au ciel et le tombeau de Moïse reste introuvable. On attend donc leur retour. Elie est totalement lié à l’idée de retour, et donc de repentir puisque c’est le même mot en hébreu (teshuva). Elie est aussi inséparable de la mémoire, du zekher, son nom est suivi de l’expression zakhur le tov (de bonne mémoire). Dans le second Livre des Chroniques, il est question d’une mystérieuse « écriture d’Elie » miktav éliyahu (2Ch 21,12). Elie est donc promis à revenir avec un nouveau texte, d’où son lien avec le calame. L’Islam va donc s’appuyer sur la croyance des Juifs en un retour de ces personnages et sur l’avénement d’un nouveau Livre. Dans la tradition juive, Elie était un combattant qui devait revenir guerroyer (hébreu : le-hilaHem) aux cotés des Israélites contre les Empires, au moment des guerres de Gog et Magog. Après avoir vaincu les Empires, Elie devait ramèner les Israélites dans leur pays. Le vocabulaire est ici de part en part midrashique. Dans la bible juive, Elie était nourri par des corbeaux. Au menu, matin et soir: leHem et Bassar : pain et viande. Mais le midrash chrétien comme le récit islamique lisent ce menu en termes d’eschatologie, et ce menu devient guerre et prédication. Ainsi Jean au désert ne fait que précher (bessora) et il tient une lance en main. L’Islam sera donc aussi guerre et prédication.
On voit au passage comment le midrash juif fonctionne comme une formidable machine à fabriquer de nouvelles religions. Par deux fois, au moins, un nouveau texte parvient à exhiber aux juifs son propre midrash comme réalisable ou réalisé, et une partie des Juifs adhère à cette idée.

Le début de la sourate 19 s’ouvre donc sur ce rappel que la prophétie peut s’interrompre et qu’il convient de la maintenir vivante et de l’accomplir. L’enjeu est d’abord la captation de l’énergie prophétique qui est libérée par la fin entrevue des Empires Perse et Byzantin. Le développement du Christianisme était déjà une captation symbolique d’héritage puisque les Chrétiens se définissaient comme le verus Israël. Or Rome puis Byzance ont dominé le monde. L’Islam entend donc s’inspirer du succès de cette entreprise de captation et reprendre la même opération symbolique, mais cette fois pour qu’elle soit définitive. L’opération chrétienne a en effet dégénéré en mille sectes ennemies. Notre sourate le rappelle:

les sectes divergèrent entre elles (19, 37)

L’Islam pense être le bénéficiaire légitime de la chute des Empires et entend reprendre le flambeau de la Prophétie, il en est l’héritier:

C’est Nous, en vérité, qui hériterons la terre et tout ce qui s’y trouve (19, 40)

L’Islam peut se gausser des interminables discussions christologiques des sectes chrétiennes: avec lui cela va prendre fin. Si le Coran combat de manière obsessionnelle, l’idée de fils de Dieu c’est qu’il prend au pied de la lettre cette idée théologique, qu’il ne comprend pas, mais aussi car elle est, selon l’Islam, la source de l’explosion sectaire du Christianisme, ce en quoi il n’a pas entièrement tort.

Il ne convient pas à Allah de S’attribuer un fils (19, 35)

Dieu peut tout au plus se doter d’un vicaire, mais l’Islam n’est pas très clair sur le point de savoir si ce vicaire est celui du Prophète ou celui de Dieu (khalifat allah).

En réalité, il est déjà trop tard et l’Islam est déjà programmé pour le schisme.
Dès l’origine, les shiites retournent déjà contre l’autorité islamique le problème de qui doit hériter.
Et le shiisme a son idée la-dessus: ce n’est pas à la communauté des musulmans
de nommer le successeur du Prophète, mais sa désignation découle
du degré de proximité avec la famille du Prophète.
A nouveau un problème de succession et d’héritage.

• Opération captation.

Cette opération s’effectue sous nos yeux en quelques versets dans le début de cette sourate 19 avec le rappel à Zacharie. En effet Zacharie, dans cette sourate, est très inquiet pour sa descendance. Qui héritera de lui ? En 19,6-7 il demande un héritier pour la maison de Jacob.
Le sens du passage est donc limpide: A cause de ses péchés, Israël est devenu stérile, sa lignée risque de s’éteindre et l’héritage disparaître. Mais grâce à un reste providentiel, la lignée va se poursuivre et l’héritage perdurer. Souvenez-vous que cela a déjà été le cas avec Yahia, dit le Coran. Et comprenez donc que c’est de nouveau le cas avec l’Islam. La captation d’héritage est bien entendu dans l’intérêt général puisque les deux héritiers primitifs (Judaïsme et Christianisme) ont failli et ne sont plus dignes de cet héritage. La captation d’héritage et le changement de lignée sont de nouveau à l’ordre du jour, car Rome puis Byzance présentent quelques signes de faiblesse.

 

• Mariam comme Hagar

Le second dhikr de cette Sourate concerne Mariam, mère de Jésus et sœur de Moïse. Midrash chrétien donc et même apocryphe puisque Mariam accouche sous un palmier d’où surgit un fleuve.

HISTOIRE DE LA NATIVITÉ DE MARIE ET DE L’ENFANCE DU SAUVEUR.

Il arriva que le troisième jour de la route, Marie fut fatiguée dans le désert parla trop grande ardeur du soleil. Et, voyant un arbre, elle dit à Joseph : « Reposons-nous un peu sous son ombre » Joseph s’empressa de la conduire auprès de l’arbre, et il la fit descendre de sa monture. Et Marie s’étant assise, jeta les yeux sur la cime du palmier, et la voyant couverte de fruits, elle dit à Joseph : « Mon désir serait, si cela était possible, d’avoir un de ces fruits. » Et Joseph lui dit : « Je m’étonne que tu parles ainsi, lorsque tu vois combien sont élevés les rameaux de ce palmier. Moi, je suis fort inquiet à cause de l’eau, car il n’y en a plus dans nos outres, et nous n’avons pas les moyens de les remplir de nouveau et de nous désaltérer. » Alors l’enfant Jésus qui était dans les bras de la vierge Marie, sa mère, dit au palmier : « Arbre, incline tes rameaux et nourris ma mère de tes fruits. » Aussitôt, à sa voix, le palmier inclina sa cime jusqu’aux pieds de Marie, et, recueillant les fruits qu’il portait, tous s’en nourrirent. Et le palmier restait incliné, attendant, pour se relever, l’ordre de celui à la voix duquel il s’était abaissé. Alors Jésus lui dit : « Relève-toi, palmier, et sois le compagnon de mes arbres qui sont dans le paradis de mon père. Et que de tes racines il surgisse une source qui est cachée en terre et qu’elle nous fournisse l’eau pour étancher notre soif. » Et aussitôt le palmier se releva, et il commença à surgir d’entre ses racines des sources d’eau très limpide et très fraîche et d’une douceur extrême. Et tous voyant ces sources furent remplis de joie, et ils se désaltérèrent en rendant grâces à Dieu, et les bêtes apaisèrent aussi leur soif

Mais pourquoi le Coran va-t-il chercher sa matière dans un obscur apocryphe chrétien ? – C’est que le récit apocryphe chrétien est très proche de celui de Hagar errant avec son fils Ismaël dans le désert. Or, avec Hagar, nous restons dans la thématique de l’héritage. Le Coran peut ainsi poursuivre l’opération du dhikr. En effet Hagar c’est en arrière-plan, la stérilité, le risque d’extinction de la lignée, d’extinction de la promesse…
Tout comme Hagar, Mariam enceinte s’enfuit donc dans un lieu désert. Et comme Hagar l’eau vient à manquer. Cette eau est bien entendu un élément midrashique, il s’agit de la loi à laquelle même les bêtes (les païens) vont pouvoir s’abreuver. Le palmier évoque également le thème de la substitution de lignée (tamar/temura). Dans le récit coranique relatif à Mariam un autre détail évoque Hagar:

Mariam, quand elle se retira de sa famille en un lieu vers l’Orient (19,16)

sans doute une remémoration du récit biblique:

Abraham leur fit des présents et les envoya, de son vivant, loin de son fils Isaac à l’est, au pays d’Orient (Gn 25,6)

 

• Autres instances du Rappel.

Notre sourate, sans doute par association d’idées, va passer maintenant de Mariam à Abraham:

Et mentionne dans le Livre, Abraham……(19, 40)

Abraham est convoqué à cause du rappel de Hagar, mais aussi parce qu’il a cru à la promesse d’un fils, donc à l’héritage. En l’occurrence ce sont les arabes qui souhaitent continuer l’héritage. Et c’est Ismaël qui sera héritier et non pas Isaac. Si Isaac n’a pas hérité, alors Jacob n’a pas hérité. Or Jacob dans le Coran, c’est Israël. Rappeler Abraham c’est aussi accessoirement rappeler un élément important: On peut se séparer de son père (des Anciens, de la religion de ses pères) si c’est pour la bonne cause.

Je me sépare de vous, ainsi que de ce que vous invoquez, en dehors d’Allah (19, 48)

Tout l’argumentaire de la Sourate 19 est, dans le prolongement de la Sourate 18, d’annoncer que la prophétie ne va pas s’éteindre, mais qu’elle va revivre avec le retour attendu du nouveau Moïse qu’est Muhammad. C’est pourquoi le Coran ne cesse d’évoquer Moïse:

Et mentionne (udkhur, racine dikhr) dans le Livre Moïse (19,51)

Ce retour de Moïse sous les traits de Muhammad, ne fait qu’entériner le fait que l’héritage d’Abraham est passé à Ismaël.

Et mentionne (udkhur) Ismaël, dans le Livre (19,54)

L’idée d’un retour de Moïse existait déjà dans le Christianisme, mais il faut en faire le rappel car c’est une idée complexe qui fusionne en réalité Moïse, Elie et le Messie. C’est pourquoi notre Sourate va maintenant évoquer un personnage mystérieux: Idris.

Et mentionne (udkhur) Idris (19,56)

La tradition musulmane n’est pas bien sûre de l’autonomie ni même de l’identité de ce personnage. Selon certains il s’agit d’Hénoch (Tabari, Ibn Kathir)

Dieu fait l’éloge d’Idris… Il s’agit d’Hénoch (Ibn Kathir: Tafsir)

Selon d’autres, Idris est Elie. Idris a été élevé comme Hénoch ou Elie, il n’est donc pas mort, et il peut donc revenir sous la forme d’un nouveau Prophète, ce pourquoi le Coran fait monter MuHammad au ciel, lui fait rencontrer Idris-Elie et le fait redescendre. Impossible de redescendre si l’on n’est pas monté. Elie, Hénoch sont montés et doivent un jour redescendre. Muhammad est censé être revenu, c’est donc qu’il était monté.
Ce passage est repris dans la Sourate « Les Prophètes »

Souviens-toi de Zacharie, quand il cria vers son Seigneur : Seigneur, ne me laisse point seul ; mais tu es le meilleur des héritiers (21, 89)

Nous retrouvons donc de manière récurrente l’idée d’héritage en liaison avec l’idée de retour de Prophètes élevés au ciel

Souviens-toi d’Ismaël, d’Idris, de Dhoulkefl (21, 85)

Comme pour Idris, on ne sait pas exactement à qui correspond Dhoulkefl. Selon les uns, il s’agit d’Élie ; selon d’autres de Zacharie ou d’Isaïe. Dhoulkefl peut signifier : homme plein de soins pour son peuple, ou homme qui a une part, un lot. A nouveau l’héritage ?

 

• Pourquoi Moïse et Elie sont-ils mis en relation dans le Coran?

Moïse et Elie sont rapprochés dans le Coran pour indiquer le retour imminent de ces personnages eschatologiques. Voici quelques sources juives qui résument en trois points le midrash sur Elie:

1) Disparition et retour attendu de la Prophétie

Midrash sur les Psaumes 3,7: Et moi, je me couche et m’endors (Ps 3,6) : La communauté d’Israël a dit: Je me suis couchée : pour ce qui est de la Prophétie et je me suis endormie : pour ce qui est de l’Esprit Saint. Je m’éveille : par l’entremise d’Élie, comme il est dit: Voici que je vous envoie Élie le Prophète.

אני שכבתי ואישנה. אמרה כנסת ישראל אני שכבתי מן הנבואה, ואישנה מרוח הקדש, הקיצותי על ידי אליהו, שנאמר הנה אנכי שולח לכם את אליה הנביא

S’endormir quant à la Prophétie signifie qu’Israël n’a plus accès à la Prophétie si ce n’est par le retour d’Elie. La prophétie ne sera donc rendue à Israël que par le retour d’Elie.

2) Elie associé à Moïse. Les deux personnages reviendront ensemble.

Le Saint, béni soit-il lui dit à Moïse : »Par ta vie, de même que tu t’es totalement dédié à Israël dans ce monde-ci, de même dans les temps messianiques quand je leur enverrai Elie, d’heureuse mémoire, vous viendrez tous les deux en même temps, comme il est dit : Dans l’ouragan, dans la tempête il fait sa route (Na 1, 3). L’ouragan (sufa), renvoie à Moïse, comme il est dit : et la déposa dans les roseaux (suf) sur la rive du fleuve (Ex 2, 3). Et dans la tempête (she’ara) renvoie à Elie, comme il est dit : Élie monta au ciel dans le tourbillon (se’ara) (2R 2, 11).

א »ל הקב »ה חייך כשם שנתת את נפשך עליהם בעולם הזה אף לעתיד לבא כשאביא להם את אליה הנביא שניהם באים כאחד, מנין, שכן כתי’ ה’ בסופה ובסערה דרכו, בסופה זה משה, דכתי’ ותשם בסוף על שפת היאור, ובסערה זה אליהו, דכתי’ ויעל אליהו בסערה השמימה.

3) L’allégement de la Loi.

Elie était celui qui devait simplifier et alléger la loi lors de son retour à la fin des temps. Or c’est en grande partie ce que fait Muhammad (même si ensuite, comme on peut l’imaginer, le logiciel va faire proliférer la loi). Un Hadith nous montre Muhammad et Moïse main dans la main dans une opération d’allégement de la loi (ici à propos de la prière)

Allah prescrit 50 prières à ma communauté. Au cours de mon retour (vers la terre) je rencontrai Moïse et il me dit : – Qu’est-ce qu’Allah a prescrit à ta communauté ? 
- 50 prières 
- Retourne à ton Maître, car ta communauté n’en sera pas capable. 
Je retournai (à Allah) et obtins la remise de la moitié. Puis, je revins à Moïse et il me dit encore : – Retourne vers ton Maître car ta communauté n’en sera pas capable . Je retournai auprès de Lui et Il me dit : Elles restent 5 à accomplir mais comptent 50 (en terme de récompense). Ma parole que voilà n’est pas altérable. Revenu auprès de Moïse, ce dernier me dit : Retourne à ton Maître . Je lui dis : J’ai honte (de retourner auprès) de mon Maître.