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La Construction d’Hermas

  La construction d’Hermas

Construire un récit de plusieurs centaines de pages en triturant une seule racine verbale, voilà qui pourrait faire penser à un exercice de littérature potentielle, chère à Georges Perec. C’est pourtant ce que parvient à faire le Pasteur d’Hermas, un des tout premiers textes chrétiens.

Hermas, le narrateur, est sujet a des visions et demande à un être angélique de lui en expliquer le sens. La vision principale consiste en une longue scène de construction qui occupe plusieurs dizaines de pages et dont on nous rapporte les moindres détails : la forme et la couleur des pierres, etc. Comme ce texte canonique n’est pas un traité de bâtiment, il faut bien en expliquer le sens, c’est-à-dire montrer comment le texte d’Hermas a été construit.

Pour aller à l’essentiel, tout le récit d’Hermas tourne autour de la racine hébraïque bn. Cette racine explique en effet la fréquence des termes rencontrés. Prenons par exemple cette phrase :

Tout d’abord, Seigneur, dis-je, expliquez-moi comment il se fait que les pierres de ces montagnes
pourtant bigarrées, une fois placées dans la construction, devinrent brillantes et de la même couleur blanche, comme les pierres (Hermas 94,3)

En dehors de son aspect agréablement soporifique, elle ne présente rien de remarquable. En revanche, voici ce que cela donne si on remplace les mots-clés par leur original hébraïque.

habineni (fais-moi comprendre) comment les abanim (…) dans le binian, devinrent brillantes, de la même couleur lebana, comme les abanim

Tout est fait pour produire cet effet phonétique et ce, sur des dizaines de pages. Autre exemple :

Seigneur, habineni maintenant les abanim extraites de la plaine et mises à la place des abanim enlevées de la tour et aussi des abanim rondes mises dans le binian (106,4)

à quoi l’ange répond :

bin (écoute, pénètre) les abanim extraites de la plaine et entrées dans le binian de la tour à la place des abanim enlevées, ce sont les racines de cette montagne lebana (107,1)

Ce procédé n’a rien d’extraordinaire puisqu’on le trouve déjà dans la Bible ; et, tenez, justement lors du récit de la construction de la Tour de Babel :

Faisons des briques (nilbena lebenim)
et cuisons-les au feu (ve-nishrepha li-shrepha)
La brique leur servit de pierre (ha-lebena le-aben)
et le bitume de mortier (ve-ha-Hemar la-Homer) Gn 11, 3

Hermas (noter l’anagramme que ferait ce nom avec ce bitume et ce mortier, Homer) suit également le modèle du livre de Daniel à qui un ange explique les visions en ces termes : bin ve haben, pénètre et comprends (Dn 9, 23).
Dans Hermas, une tour ou une ville (le grec purgon traduit migdal ou ‘ir) sont donc en construction (binyan). Rien d’étonnant à cela, les temps messianiques sont ceux de la reconstruction du Temple et de Jérusalem. Tout comme en Ezéchiel 47, la tour d’Hermas est ici construite sur l’eau. Ezéchiel et Daniel sont en effet les modèles de toute la littérature apocalyptique (4 Esdras, Baruch, etc.) dont s’inspire Hermas. Cette construction et cette tour interviennent plus de 200 fois dans notre texte.
Depuis la racine bn, Hermas va donc extraire, si l’on peut dire, diverses notions : des pierres, abanim ; de couleur blanche lbn, etc. Or lbn en langage eschatologique n’est pas seulement blanchir c’est aussi pardonner. Hermas tente de comprendre (hbn, de bina, la science) et de nous expliquer une histoire de construction et de blancheur dont le sens ultime est de saisir la notion de fils (bn). Cette blancheur explique à son tour la fréquence du terme de pénitence (teshuva).

Voyons le début de l’ouvrage :

Vision I : Mon maître m’avait vendu à une certaine Rhodè à Rome. Bien des années après, je la revis et me mis à l’aimer comme une sœur. Quelque temps après, je la vis se baignant dans le Tibre, je lui tendis la main et la sortis du fleuve. Voyant sa beauté, je réfléchissais, me disant en mon cœur : je serais bien heureux si j’avais une femme de cette beauté et de ce caractère. Voilà uniquement ce que je pensai, sans aller plus loin.

Les spécialistes ont longuement hésité. S’agit-il d’un texte érotique ? D’un texte eschatologique ? Comme Hermas était lu dans les Églises, on a opté pour l’eschatologie.
Ce texte parle en réalité de l’exil (mon maître m’avait vendu…) et des païens qui se convertissent (ils se baignent dans le Tibre). Hermas songe à épouser Rhodè la païenne. Celle-ci est pourtant son accusatrice au ciel. Ce qu’on reproche à Hermas, c’est d’avoir mal éduqué ses enfants (banim). Il est vivement incité à être ferme avec eux.
L’essentiel pour Hermas est donc de comprendre (bina) ce qu’il en est de la construction (binyan) de la tour. Cette construction est, on l’a vu, une métaphore de la fin de la colère (Hema). La révolte contre Dieu que représentait la construction de la tour de Babel, s’était soldée par la dispersion et la multiplication des langues, c’est-à-dire l’Exil. Le rapport entre la tour et la colère était déjà souligné dans le texte biblique puisque la tour y est associée à la ville (‘ir) qui en hébreu signifie aussi colère. Notons que tour (migdal) et colère (Hema) ont la même valence (32).
La fin des temps (sof, valence 32), les temps messianiques, seront donc marqués par la fin de la colère et de l’exil, d’où le don des langues qui annule Babel, suivi d’une nouvelle construction, celle de Jérusalem, du Temple, et surtout de l’assemblée (qhl) messianique. Cette assemblée est l’assemblée de tous les peuples (‘amim, peuples même valence que celle du messie 52). L’assemblée est donc l’inversion de la dispersion consécutive à Babel. Tout le livre d’Hermas est construit sur cette idée de rassemblement, d’où, dans le titre, la présence du pasteur qui rassemble le troupeau et du nom Hermas, qui a rapport au filet (Herem).
Au cours de ces visions, on nous apprend que toutes les nations après avoir entendu, ont pris le nom du Fils de Dieu. Ce type d’énoncé ne peut se comprendre que par les jeux de valences décrits précédemment. ‘amim, les nations, ayant une valeur de 52 portent le nom du messie (mashiaH, même valeur) c’est-à-dire pour le midrash chrétien le nom du fils de Dieu.
Hermas profite des explications de l’Ange pour parfaire ses connaissances eschatologiques, et les nôtres du même coup ; ce qui nous permet de compléter utilement notre propre dictionnaire et de vérifier certaines de nos définitions. Nous vérifions ainsi qu’adultère signifie bien idolâtrie.

L’adultère, dit-il, ne consiste pas uniquement à souiller sa chair : celui-là aussi commet l’adultère, qui vit comme les païens (29,9)

Que nourriture signifie loi :

les mets que du festin il a envoyé à l’esclave sont les commandements qu’il a donnés à son peuple par l’intermédiaire de son Fils.

Que représente le rocher ? demande Hermas. C’est le fils de Dieu, répond l’ange. Hermas en effet, n’a jamais entendu parler de Jésus. En revanche, il a entendu parler d’un fils de Dieu, qui existait bien avant la création du monde, ce qui lui a permis d’être le conseiller du Créateur. Cette idée de fils de Dieu, promise à un grand avenir, et qui s’est alourdie de multiples déterminations a pourtant une origine très simple. Si comme le veut le midrash juif, le messie est antérieur à la création, il n’a pu être créé (il sera donc engendré) et par un seul être : Dieu. Hermas demande aussi ce que signifie la Porte. Observateur sagace, Hermas a remarqué que cette porte est plus récente que la tour, elle n’est apparue que récemment. Réponse :

la porte a été faite récemment pour que ceux qui doivent être sauvés entrent par elle dans le royaume de Dieu (89,3).

C’est donc bien une métaphore de la conversion. On atteint là un sommet de l’eschatologie judéo-chrétienne qui découvre ici une propriété de la Porte, totalement passée inaperçue jusqu’alors, à savoir que seule la porte permet d’entrer. Ceci nous est confirmé en 89,5

Car si tu veux entrer dans une ville et que cette ville soit tout entourée de remparts et n’ait qu’une porte, peux-tu entrer dans cette ville autrement que par la seule porte qu’elle ait ? – Comment donc, Seigneur, dis-je, cela pourrait-il se faire autrement ? – Si tu ne peux y entrer que par la seule porte qu’elle ait, dit-il, de même un homme ne peut entrer dans le royaume de Dieu que par le nom de son Fils bien-aimé.

Nous sommes toujours en pleine eschatologie. Ces remparts (Homot) renvoient en réalité à la colère divine (Hema). Désormais, Israël ne pourra plus se sauver par ses propres mérites. Seule la venue du messie permettra l’entrée. D’où ce résultat inattendu : porte = nom du fils = fils de dieu. Cette équivalence est renforcée par le rapprochement midrashique des valences de haben (comprend / le fils) et de sha’ar (la porte) qui valent 57.

Le Fils de Dieu a été entouré d’un rempart et la porte, c’est le Fils de Dieu.  C’est la seule entrée qui conduise au Seigneur. Personne donc ne s’introduira auprès de lui si ce n’est par son Fils.

Hermas reçoit ensuite une parabole au terme de laquelle un maître, avant de partir en voyage, promet à son esclave de le libérer s’il s’occupe bien de sa vigne. À son retour, comme l’esclave a bien taillé la vigne, il décide, après avoir consulté son fils, de faire cohériter l’esclave. Hermas demande bien entendu le sens de cette parabole, d’allure classiquement évangélique. La réponse est intéressante :

Le Fils, c’est le Saint-Esprit et l’esclave, c’est le Fils de Dieu.

Nous voila donc munis d’un Père qui a deux fils, dont l’un est le saint Esprit. On comprend maintenant pourquoi il a fallu plus d’un concile pour élaborer une doctrine de la trinité qui mette tout le monde d’accord. On comprend aussi qu’avec une christologie aussi primitive, on ait rapidement cessé de lire Hermas dans les Églises.
Le Pasteur d’Hermas est un témoin précieux des origines juives du Christianisme. Chaque verset d’Hermas nous ramène à l’hébreu et au midrash. Ce n’est pas le cas des commentateurs de cet ouvrage : chaque fois que le commentaire pourrait se diriger vers cette source juive, la plupart des exégètes s’empressent de botter en touche et d’aller voir du côté des Grecs, des Romains voire même des Turco-mongols, comme en 23,4 où le texte dit :

Voilà pourquoi le Seigneur t’a envoyé celui de ses anges qui a charge des bêtes sauvages. Son nom est Thegri : il lui a fermé la gueule pour éviter qu’il te fasse du mal

Bernard Dubourg qui n’était pourtant pas un assidu des académies talmudiques avait reconnu dans thegri une anagramme de taryig, acronyme renvoyant aux 613 commandements, plutôt qu’à la source turco-mongole de ce mot, retenue évidemment par l’exégète.
Autre agacement : en 78,4 Hermas est transporté en Arcadie. Perplexité des commentateurs qui y perdent leur latin. Que vient faire ici l’Arcadie ? Imbattables en mythologie grecque, et soucieux de diversifier les sources d’Hermas, nos commentateurs se souviennent qu’Hermès était né sur une montagne d’Arcadie, et qu’il est le conducteur des âmes des morts. Voilà, la source grecque d’Hermas, on la tient : c’est Hermès.
Dans le quatrième livre d’Esdras, qui a servi de modèle à notre texte, le narrateur est lui aussi transporté en un lieu nommé Arad ou Arpad. Impossible de retrouver le nom exact, il en existe autant de variantes que de manuscrits. Il s’agit peut-être de ‘arava, le ciel ou le désert, ou de har, la montagne. Il existe dans la Bible une montagne dont le nom se rapproche de celui d’Hermas, c’est le mont Hermon, source du Jourdain. En hébreu, Hermon sonne comme Herem, interdit, consacré (même sens qu’Hénoch), ou encore filet. Or, le mont Hermon est supposé être situé au Liban, dont on sait qu’il est un nom symbolique du Temple, du fait d’un jeu de sens sur la racine blanchir (lbn), c’est-à-dire laver les fautes. Ce Liban (lebanon) permet accessoirement à Hermas de compléter sa collection de termes construits phonétiquement autour de bn. Pour ceux qui ne seraient pas convaincus de l’identité de Hermon avec le Temple, le verset Ps 13,3 précise :

C’est la rosée de l’Hermon, qui descend sur les hauteurs de Sion ; là, Yahvé a voulu la bénédiction, la vie à jamais.

En Hénoch 7,8, Hermon est rapproché de Herem :

C’est sur la montagne appelée Hermon, que les Anges jurèrent et se vouèrent mutuellement à l’anathème (Herem)

En Hénoch 8,4 c’est Hermoni ou Armani qui enseigne aux hommes l’art de résoudre les sortilèges. Armani fait aussi penser au mot Rome, or Hermas est romain, et en tout cas prétentieux. Curieusement, Jésus est lui aussi transporté au désert, (en esprit, c’est-à-dire par midrash) et ce désert (grec: erêmon) sonne comme Hermon. Avouez qu’il y a de quoi pousser les copistes à la faute. Quant à Paul, il a lui aussi été transporté dans les ‘arabot, terme traduit, on ne sait pourquoi, par Arabie (Ga 1,17). Sans doute parce que arab signifie piège, embuscade. Heureusement, en Galates 4, 25 nous apprenons que cette Arabie est le pays où se trouve le Mont Sinaï. Que saurions-nous de l’Histoire et de la Géographie sans le témoignage des Évangiles ?
Nous avons ici la trace d’un travail d’élaboration midrashique complexe, puisque Enoch est lié à Élie, du fait de leur commune élévation au ciel. Élie est lui-même lié au mot ‘arava via les corbeaux (‘orevim) qui le nourrissent près d’un torrent (naHal). La Bible connaît aussi un torrent d’Arnon qui est situé en territoire païen et souvent lié à l’Hermon.

Ainsi, en ce temps-là, avons-nous pris le pays aux deux rois amorites d’au-delà du Jourdain, depuis le torrent de l’Arnon jusqu’au mont Hermon (Dt 3,8)

Voici les rois du pays que les Israélites battirent et dont ils prirent le territoire, au-delà du Jourdain à l’orient, depuis le torrent de l’Arnon jusqu’à la montagne de l’Hermon, avec toute la Araba à l’orient : (Jos 12, 1)

Impossible ici de faire une étude exhaustive sur le torrent (naHal). Dans Ezéchiel ce torrent prend une dimension eschatologique :

Partout où passera le torrent, tout être vivant qui y fourmille vivra. Le poisson sera très abondant, car là où cette eau pénètre, elle assainit, et la vie se développe partout où va le torrent (Ez 47,9).

Revenons à l’espace du Temple qui est Herem. Ce terme n’est pas anodin. C’est le dernier mot de la prophétie (le dernier mot du dernier livre des Prophètes : Malachie). La prophétie est toujours aussi consolation. Or, dans le dictionnaire Jastrow p. 503 nous apprenons que Herem est aussi le filet, c’est-à-dire ce qui rassemble. Hermas est donc bien un midrash sur le rassemblement eschatologique, qui fera suite à l’ère actuelle de la dispersion. Hermas visionne le rassemblement final à la manière d’Ezéchiel dans sa vision des ossements. D’où le rassemblement des pierres pour édifier la tour, l’image du berger qui rassemble le troupeau, le qahal qui est l’assemblée. Nous comprenons mieux pourquoi l’arche de noé symbolise, dans les premières représentations chrétiennes, l’Église : cette arche rassemble les quelques Justes restant parmi les hommes, mais aussi parmi les animaux (les païens). N’oublions pas non plus le rassemblement des exilés. Tous ces thèmes sont ceux du livre d’Ezéchiel. Hermas est un midrash second sur le livre d’Ezéchiel. En effet, ce dernier livre ne traite que de la révolte d’Israël et de ses pasteurs, du rassemblement des exilés et de la construction du Temple.
Les formations midrashiques d’Hermas, fondées sur la notion d’inversion eschatologique et le passage de la dispersion au rassemblement, ne se font pas sans règles. Elles reposent sur les lois de l’homologie, elle même en rapport avec la racine bn. Bana : servir de base à une induction herméneutique. binian ab : l’analogie (littéralement : la construction du principe). On sollicite certes la langue de la Bible et l’hébreu tardif, mais rien n’est arbitraire. Ainsi l’idée d’adoption (nitbane : être adopté) prend naturellement sa place dans la série des termes hermasiens engendrés par la racine bn. Le saule dont il est question en Hermas 67,1 est sans doute ‘araba, mais il pourrait aussi bien être byna ou urban, et la porte : darban. Bun signifie saler et éparpiller. La racine bn qui est celle de la construction et de la filiation est donc exploitée à fond. Cela va jusqu’au terme banya qui par influence du latin sur l’hébreu tardif donne le bain. Tout cela est connu depuis longtemps, il suffit de consulter les dictionnaires d’hébreu tardif.
Il existe dans Hermas, des développements interminables qui font que ce livre vous tombe littéralement des mains. En voici un exemple qui décrit minutieusement les diverses catégories de pécheurs et de pénitents. Et ce n’est pas, de loin, le plus rébarbatif :

67,5 L’ange qui avait remis les rameaux à la foule les redemanda ; ils étaient appelés dans l’ordre selon lequel ils les avaient reçus et chacun lui rendait le rameau. L’ange du Seigneur les reprenait et les examinait.
De certains, il recevait des rameaux desséchés et mangés comme par des vers et l’ange disait à ceux qui remettaient de tels rameaux de former un groupe séparé. D’autres remettaient des rameaux desséchés, mais non mangés par des vers et l’ange leur disait aussi de former un groupe séparé. D’autres les remettaient à moitié desséchés, et eux aussi formaient un groupe séparé.
D’autres remettaient des rameaux à moitié desséchés et fendillés, et eux aussi formaient un groupe séparé.
D’autres remettaient leurs rameaux verts et fendillés, et eux aussi formaient un groupe séparé.
D’autres remettaient des rameaux dont une moitié était sèche et l’autre verte, et eux aussi formaient un groupe séparé.
D’autres rapportaient leurs rameaux verts aux deux tiers et desséchés pour le reste, et eux aussi formaient un groupe séparé.
D’autres remettaient leurs rameaux secs aux deux tiers et verts pour le reste, et eux aussi formaient un groupe séparé…..

Ces descriptions s’expliquent, elles aussi, par l’idée de séparation/rassemblement qui est au fondement de l’eschatologie du livre d’Hermas. L’Exil actuel est le monde de la séparation en un sens très particulier. L’Exil est une épreuve au sens de la purification des métaux qui implique la séparation des scories d’avec le métal.

Je ferai entrer ce tiers dans le feu ; je les épurerai comme on épure l’argent, je les éprouverai comme on éprouve l’or. Za 13,9

Israël par l’exil est soumis au crible. D’où l’idée fondamentale de reste. Le reste est ce qui est juste et saint et qui mérite d’être sauvé. Les souffrances de l’exil purifient Israël, annonçant du même coup la fin de cet exil. Le vocabulaire de l’épreuve contient des termes comme tseruph, la fonte du métal pour le purifier et il renvoie donc au tri ; ou bHn : l’épreuve, l’examen scrupuleux, d’où l’idée de jugement.

Ps 66,10 : Tu nous as éprouvés (beHantanu), ô Dieu, épurés (tsaraftanu) comme on épure l’argent.

Les épreuves de l’exil sont destinées à purifier Israël et à faire le tri des vrais croyants. Après avoir séparé (par exemple le bon grain de l’ivraie) on rassemblera le reste.

Texte extrait de l’ouvrage « Comprendre les origines du Christianisme » de Maurice MERGUI