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Dictionnaire paulinien

Dictionnaire paulinien

• Aiguillon : Outil intrusif qui oblige le bétail à marcher droit. (lire : obliger le peuple à suivre la halakha). Joue le rôle d’une épée de Damoclès suspendue au-dessus des Juifs : les païens sont prêts à prendre leur place s’ils n’assument pas la leur.


Abraham : Premier croyant et donc, pour le midrash chrétien : premier chrétien. En effet, Abraham a été le premier à croire à la promesse d’un fils (lire: messie).

Paul et les îles.
Il suffit de relire le livre d’Isaïe pour comprendre pourquoi Paul doit aller dans des îles. Les îles sont  en effet le lieu géométrique du paganisme. Dès Gn 10,5 les îles sont reliées aux païens (îles des nations, iye hagoyim). Puis il n’est plus question d’îles jusqu’au livre d’Isaïe où ces îles signifient les extrémités de la terre (afse arets ou miqtse arets). Ainsi Is 11,11. Les îles sont reliées parfois à Tarsis autre symbole de l’éloignement et de l’exil. A la fin des temps la Parole de Dieu (ou son équivalent gématrique, le messie) devra se faire entendre jusqu’aux îles lointaines. Sophonie 2,11 parle lui-aussi des îles des Nations.

Saül : Prononciation hébraïque : shaoul. Premier roi d’Israël. Son règne fut bref. N’ayant pas respecté les recommandations relatives au combat contre Amaleq (lire : le Mal), il perdit la faveur divine et fut rapidement remplacé par David. Le midrash paulinien a besoin du nom de ce roi pour figurer quelques annonces importantes : le changement prochain du statut du peuple élu, la fin du pouvoir de la mort (sheol), la conversion universelle. Dans les trois cas, il a besoin du nom de Saül.

Midrash sur Saül. A partir des matériaux fournis par le texte biblique, le midrash juif a élaboré de nouveaux contenus relatifs au roi Saül. Saül est un roi « précaire » n’ayant pas fondé de dynastie (GnR 70,15). Il est celui qui a violé l’alliance avec les Gabaonites. Il aurait dû pour cela, être puni par l’envoi d’une famine. Mais Saül en a été épargné parce qu’il était aussi fragile qu’un “bourgeon de sycomore” (groufit shel shikma). Le midrash choisit cet arbre car il assone ironiquement avec shekhem (l’épaule et donc avec la grandeur dont se prévalait Saül). Le midrash signale donc, à nouveau, la fragilité, donc le côté temporaire et transitoire de Saül. Mais surtout, il lui est reproché de s’en prendre à des prosélytes (les Gabaonites ont “entendu” en Jos 9, 3). C’est pourquoi Paul persécutera lui aussi des convertis, avant sa propre conversion.
-Tirant parti du flacon (pakh) avec lequel Saül a été oint, et de l’assonance de ce mot avec le verbe hapakh (renversement, y compris eschatologique) le midrash l’oppose à l’onction de David, faite avec une corne (qeren) et associe le flacon à une royauté “passagère” (‘avar), d’où l’importance de ce thème chez Paul, il ne cesse de passer, il est hébreu ; ‘ivri, il est aveugle : ’iver, sans même parler des anagrammes avec l’Arabie (‘arav) en Ga 1,17 ou du “troisième ciel” de 2Co 12,2 : (‘aravot).
– Plusieurs passages midrashiques mettent en conjonction Saül avec la racine verbale sir. Par exemple, ils insistent sur le passage qui mentionne que Saül chassa les devins (shaul hessir et ha-ovot) mais… pour ensuite consulter une voyante. Le midrash évoque également les pleurnicheries de Saül (elohim sar me’alay, Dieu s’est détourné de moi, même sonorité sir)

Paul : Héros midrashique des Actes. Du latin « paulus » : petit. Agent narratif d’un triple récit : celui de la conversion généralisée, du remplacement prochain des Juifs par les païens, et de la fin du pouvoir de la mort (ou de l’idolâtrie, au choix).

Malte : île dont le nom assone avec l’hébreu malet = salvation. Étant donné que les Actes la situent dans l’Adriatique, il est plus sage de considérer qu’il s’agit d’un artefact midrashique. Le texte nous aide un peu à cette lecture : « lorsque nous fumes sauvés (ki nimletu) nous apprîmes que cette île s’appelait Malte ». Existe aussi sous la forme “Milet”. Toute la géographie du Nouveau Testament est à revisiter sous l’angle midrashique.

Espagne : Destination bien connue des fuyards. Elle était censée abriter la mystérieuse ville de Tarsis où Jonas veut fuir. Jonas tente de fuir vers l’Espagne, mais est contraint d’aller à Ninive. Paul tente d’aller en Espagne, mais finira quand même à Rome, qui comme Ninive, symbolise le mal.

Maladies : (grec : asthenia) Troubles dont serait affligé Paul. Exemple : Ga 4, 13 : ce fut une maladie qui me donna l’occasion de vous évangéliser. asthenia traduit divers mots dont Heblé (douleurs, mais aussi liens, voir ce mot) il s’agit des douleurs (de l’enfantement du messie : Heblé mashiaH). Parmi ces maladies, l’une est particulièrement ennuyeuse : il s’agit d’une écharde dans la chair.

Écharde: Gêne midrashique de Paul. Étant hébreu, il doit “trahir” son peuple, comme Jonas, en annonçant la fin de sa prééminence, et l’entrée universelle des païens dans l’Alliance. Il ressent donc, à chaque fois, un élancement de douleur devant cette promotion des païens, qui est symbolisé par cette écharde (hébreu : sir). Cette écharde étant fichée dans sa chair, on obtient une expression sir ba-bassar qui peut aussi se lire « prisonnier de la prédication » (bessora). En Philémon 1,1 Paul se dit “prisonnier du Christ”. Voir aussi Ex 16,3 pour une autre détermination de sir.

Prison : (hébreu : bet sirim) Institution fortement représentée dans les Actes. La prison est d’abord celle de l’idolâtrie. Mais, plus tard, elle sera la prison de la Tora. En effet, la venue du Messie libère les Juifs des commandements trop lourds de la Tora. Se maintenir dans la Loi est donc une servitude volontaire inutile.

Ananie : Personnage qui, dans les Actes, rend la vue à Paul devenu obéissant. Il doit son existence, toute midrashique, à l’obéissance de Samuel : En effet, lorsque Dieu l’appelle, ce dernier, répond par trois fois : hinéni (en hébreu : me voici). D’où Ananie.

Tarse : Ville située loin de Dieu. Un des trois lieux de naissance de Paul (avec Jérusalem et Giscala). Tarse est un artefact midrashique créé sur Tarsis, port lié aux bateaux et aux traversées. Depuis Jonas, nous savons qu’on tente d’aller à Tarsis pour refuser une mission divine. Comme Jonas, Paul est tenté de refuser sa mission, il regimbe. Comme Israël il récalcitre.

Barnabé : Jeune prophète qui accompagne Paul dans ses voyages, il doit son existence midrashique, à Qish, le père du roi Saül, qui lui enjoint : « prends un adolescent et va chercher les ânesses ».
Paul aura donc, lui aussi, son jeune aide de camp. Saül, immédiatement après qu’il ait été oint, rencontre, une troupe de prophètes (Héblé neviim). À son tour, Paul, dès sa conversion doit donc rencontrer un prophète (Barnabé : fils de prophète).

Liens : hébreu Havalim. Ce sont aussi des cordages de navires, des souffrances : exemple : le fils de Paul a été engendré « dans les liens ».

Souffrances du messie : Expression hébraïque (Heble mashiaH) qui évoque les affres de la période messianique. Cette période troublée était tellement redoutée, que certaines tendances, dans le Judaïsme, auraient préféré renoncer aux temps messianiques. Le midrash chrétien tient donc à ce que la période de l’arrivée du messie ne s’accompagne pas, pour le peuple, des “douleurs de l’enfantement”. C’est Jésus qui supporte ces douleurs, à la place du peuple. En effet, prise au pied de la lettre, l’expression Heble mashiaH peut signifier, en raison de l’ambiguïté du génitif, que c’est le messie qui doit souffrir.

Tribulations : (grec : thlipseis, qui traduit l’hébreu : tsarot ou metsar). Les tribulations étant un attribut du sheol (Ps 116, 3 : metsare sheol) ils deviennent automatiquement un attribut de Paul. C’est un exemple de ce qu’est une écriture “sur cahier des charges”.

Folie : Maladie d’origine divine qui frappe le roi Saül du fait qu’il est devenu orgueilleux. Saül souffre d’une “folie des grandeurs”. La source en est 1S 16, 14 : un mauvais esprit venant de Yahvé lui causait des terreurs. Samuel dit à Saül : tu es devenu fou (1S 13, 13) Cet attribut devient donc celui de Paul, selon le principe du “cahier des charges”. Festus à Paul : tu es fou (Ac 26, 24) nous sommes fous à cause du messie (1Co 4, 10) acceptez-moi, comme fou (2Co 11, 16) je dis une folie (2Co 11, 21) Je parle en fou (2Co 11, 23) etc.

Damas : (hébreu : damasheq). Lieu de la conversion de Paul. Anagramme de miqdash (Temple). Damas désigne donc le temple eschatologiquement inversé de la fin des temps. C’est-à-dire avec les païens convertis à l’intérieur, et les Juifs dehors.

Apollôs : Personnage imposé par le cahier des charges des Actes. C’est un artefact, créé pour faire pendant à Paul. Celui-ci est en effet le sheol. Mais le sheol ne se déplace jamais, dans la langue hébraïque, sans son ombre : abbadon. Or, ce mot hébreu peut être traduit en Grec par apollôs. Paul trouve donc dans ce personnage, sa contrepartie.

Onésime : Fils de Paul qui surgit brusquement, dans la lettre à Philémon, au détour du verset 1,10 « mon enfant, que j’ai engendré dans les liens, cet Onésime » La lettre à Philémon serait un midrash sur Benjamin retenu par Joseph.

Lait : (hébreu : Halav) Aliment des nouveaux nés, et donc des convertis. Le lait intervient dans la vie de Paul de la naissance à la mort. Il naît en effet (aussi) à Giscala, soit gush-Halav, et lorsqu’il meurt à Rome, du lait sort de son cou (version apocryphe). Dans l’intervalle, il rencontre Gallion (celui qui “vit par le lait”). C’est que, porteur de la parole, il doit nourrir les païens convertis, qui sont des nouveaux nés. Le lait et le miel sont les aliments des petits et des humbles.

Appareil digestif : Dans la bible, le sheol avale tout, il a donc un appareil digestif : bouche, ventre, entrailles (cf. Jonas 2, 3). Paul hérite de ces attributs. D’où la fréquence des termes comme bouche, ventre, entrailles, etc. dans le corpus.

Sergius Paulus : sage proconsul Romain qui veut écouter la Parole, et même apparemment, “entendre”, voire “s’approcher”. Les Juifs empêchent sa conversion (lire : leurs lois empêchent la conversion des païens). C’est en dénonçant cet obstacle, que Paul change brusquement de nom, au beau milieu du chapitre 9 des Actes. Il prend le nom du Proconsul (paulus). Sergius Paulus est un personnage midrashique. Paulus signifie « petit ». Les puissants Romains sont des qetanim (au sens juridique de mineurs, d’exemptés) ils sont donc irresponsables. Donc innocents. Donc justifiés.

Hermès : Paul reçoit ce nom en Ac 14, 12. Ce dieu grec était chargé de conduire les âmes des défunts aux enfers, fonction qui convient tout à fait à Paul, qui est le sheol. Paul est aussi la prédication incarnée
Ils appelaient Paul Hermès, puisque c’était lui qui portait la parole. Or, Hermès est le héraut des dieux et l’interprète de leurs volontés. Enfin, il veille sur les pasteurs.

Aumônes, dons : Paul parcourt le monde pour récolter les aumônes, et d’un autre côté, il justifie les païens. Le lien entre ces deux éléments est établi dans le traité talmudique Baba Batra 8b, où l’on explique que les matsdiqé harabim dont parle Dn 12, 3 c’est-à-dire “ceux qui justifient les multitudes” sont les collecteurs d’aumônes (ainsi que les maîtres d’école).

Liberté : Paul dit en 1Co 9,1 : Ne suis-je pas libre ? Ne suis-je pas apôtre ? Les deux attributs sont associés, car ils traduisent tous deux le mot shaliaH qui a les deux sens : “envoyé” et “libéré”.

Salutations : Contrairement aux autres apôtres, Paul salue près d’une vingtaine de fois ses nombreuses connaissances. En réalité, il s’enquiert de leur santé ou de leur “paix” (shoel le-shalom) par jeu de sens sur shaul, mais aussi sur shalom qui n’est pas seulement la paix.

Avorton : Paul se désigne lui-même ainsi. Cette épithète (grec ektrôma) s’explique par diverses élaborations, notamment la petite taille de Paul et par l’hébreu nafal qui désigne l’avorton. nafal contient en effet les lettres de Paul. Avorter, être stérile est aussi rendu en hébreu par un terme formé sur la racine shkl, meshakela.

tête, principe, premier : Epithètes attribuées à Jésus à cause de leur commune référence à l’hébreu rosh (tête), reshit (commencement, principe) et qui viennent eux-mêmes du midrash juif sur la préexistence du messie.

Ni Juif, ni Grec: Distinction qui n’a de sens que par l’existence de la Loi (la Tora). La Loi doit, selon le midrash juif, devenir caduque à la fin des temps. L’idée qu’il n’y a plus ni Grec, ni Juif n’est donc pas une nouveauté chrétienne, mais la conséquence de la fin des temps considérée comme déjà survenue. “Je prends à témoin le ciel et la terre que tout être humain, Juif ou païen, homme ou femme, esclave ou homme libre peut mériter l’Esprit saint” (Tana de-bei Eliahu Rabba 9)

Loi de liberté: En Jc 1, 25 et 2, 12 on trouve cette expression étrange qui s’explique très simplement par un jeu de mots fréquent dans le midrash sur Harut (gravée) et Hérut (liberté). A la fin des temps, la Loi actuellement gravée (qui s’impose) sera allégée (on en sera libéré).

Héraut (grec : kêrux) : Paul se présente comme un kêrux.

1Tm 2,7: et dont j’ai été établi, moi, héraut et apôtre – je dis vrai, je ne mens pas -, docteur des païens, dans la foi et la vérité.
2Tm 1, 11: au service duquel j’ai été établi, moi, héraut, apôtre et docteur. 

Cet item s’explique par le fait que Paul est Elie, or Elie est le héraut par excellence.

Nota bene: Ces deux versets conjoignent  trois termes: héraut, apôtre (envoyé) et Nations à cause de deux versets Abdias 1, 1 et Jérémie 49, 14  qui contiennent l’expression tsir bagoyim shaluaH: un héraut envoyé aux Nations. Le terme Docteur s’explique par le fait que le messie devait enseigner les Nations mais pas les Juifs.